lundi 24 juin 2013

Roms : l’évêque de Lille lance un appel à la fraternité

Article publié dans "La Voix Du Nord" le 21 juin 2013
Par Frédérick Lecluyse

Photo PIB

Huit jours après l’évacuation du camp de Roms de la plaine Winston-Churchill et leur éparpillement à Calais, Béthune et Valenciennes ; deux mois avant l’expulsion annoncée (en septembre ?) du camp de la porte d’Arras, Mgr Laurent Ulrich a lancé, hier, un appel à la fraternité vis-à-vis des Roms. Entouré de plusieurs représentants d’associations proches de l’Église, l’évêque de Lille invite les citoyens à poser un nouveau regard de paix sur ces populations martyrisées.


D’emblée, Mgr Ulrich a reconnu que le sujet était difficile et qu’il suscitait bien des polémiques, parfois enflammées. Mais, dans la grande tradition de l’Église catholique, l’évêque de Lille a aussitôt délivré un appel de proximité fraternelle. « Nous ne pouvons ignorer les Roms. Leurs caravanes ou leurs camps de fortune sont repérables. Leur situation est précaire et ils vivent dans la crainte d’être expulsés. Ils sont victimes de discriminations qui vont parfois jusqu’à susciter des sentiments de rejet ou même de peur. Leurs conditions de vie précaires et souvent insalubres peuvent générer des problèmes de coexistence avec certains habitants. C’est donc un défi pour nous et pour les pouvoirs publics. »
Mgr Laurent Ulrich admet certes que rien n’est simple. Que la question est redoutablement politique, mais aussi inévitablement religieuse, du point de vue de l’homme et du chrétien. « Vous êtes nos frères en humanité et en dignité, a-t-il déclaré en s’adressant directement à la communauté rom. L’Évangile nous le rappelle chaque jour : aimés de Dieu, vous êtes les frères appelés à apporter votre culture, votre histoire personnelle et collective pour enrichir notre vie ensemble, ici. » Rappelant la parole du Christ, « J’étais étranger et vous m’avez accueilli », l’évêque de Lille a dit tout son espoir que cet horizon du jugement de Jésus puisse habiter chaque concitoyen. Ce, pour que des solutions respectueuses soient mises en place, comme la scolarisation des enfants roms. « On peut le constater : à chaque fois que des enfants entrent à l’école, les regards changent, les mentalités aussi. »
En ce sens, Mgr Ulrich a rendu hommage à toutes les associations qui se battent sur le terrain. C’est le cas de la Pierre blanche, cofondée en 2009 par le père Arthur, grand défenseur des Roms devant l’éternel. Son président, Michel Figeac, a raconté l’accueil de cinq familles roms à Ronchin, le combat mené pour leur insertion ; l’histoire aussi du presbytère de Genech, transformé en lieu d’hébergement. C’est également l’exemple du Secours catholique, dont le délégué diocésain, Nicolas Ketelers, a livré sans langue de bois le fond de sa pensée : « Les préjugés sur les Roms sont alimentés par certains discours politiques, qui font des migrants en général et des Roms en particulier les boucs émissaires de la crise. »

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